Réalisé par l’espagnol Fernando Leon de Aranoa, « A perfect day » est une comédie grinçante sur le quotidien d’un groupe humanitaire dans les Balkans en pleine guerre. Servi par des comédiens convaincants, le film exploite avec efficacité le ressort comique des situations absurdes dans lesquelles les membres de l’association sont entraînés malgré eux.

Le réalisateur nous installe dès les premières scènes aux côtés d’une bande de travailleurs humanitaires, groupe hétérogène et cosmopolite constitué de personnalités fortes et truculentes. Leur mission est d’aider la population et de veiller aux conditions sanitaires, sans prendre part au conflit. Cette journée ordinaire est marquée par la nécessité de trouver une corde pour sortir le cadavre d’un puits qui pollue l’eau des villageois. Cette quête désespérée au milieu des mines, de la méfiance de la population et des règlements insensés des casques bleus, donne lieu à des scènes très drôles, et parfois surréalistes.

Le rire naît de la tension, de la peur et des horreurs de guerre que le film nous laisse entrapercevoir, de façon fortuite. Se tenir à l’écart de la guerre et de ses tragédies est une nécessité pour le groupe, mais cette mise à distance, malgré l’humour et l’ironie, est  illusoire. C’est lorsque les personnages sont violemment confrontés à la réalité du conflit – un village dévasté et bombardé, un enfant séparé de ses parents, une vieille femme marchant scrupuleusement derrière ses vaches pour éviter les mines – que le film bascule dans le drame, nourrissant le récit de scènes intenses, glaçantes. Malgré quelques moments frôlant le mélo, l’émotion est bien au rendez-vous.

Le film reste malgré tout une comédie jubilatoire, au rythme bien dosé et aux dialogues décapants. Sans oublier une bande originale percutante et décalée qui vient renforcer le côté déjanté de cette fable amère.

Céline

A perfect day, comédie dramatique espagnole de Fernando León de Aranoa, avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry (16 mars 2016)

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