Babyboom
18/10/2015
Adapté d’une nouvelle de Jean Vautrin, le roman graphique Babyboom décrit les difficultés d'un couple qui ne peut avoir d'enfants et qui décide d'adopter un bébé factice, une poupée de chiffon. La dessinatrice, Eugénie Lavenant, nous livre un ouvrage percutant et dérangeant, entre délire et satire sociale.
Adapté d’une nouvelle de Jean Vautrin, le roman graphique Babyboom décrit les difficultés d’un couple qui ne peut avoir d’enfants et qui décide d’adopter un bébé factice, une poupée de chiffon. La dessinatrice, Eugénie Lavenant, nous livre un ouvrage percutant et dérangeant, entre délire et satire sociale.
Babyboom, tiré du recueil éponyme de Jean Vautrin, obtient en 1986 le Goncourt de la nouvelle. Duncan et Tracy ne parviennent pas à avoir un enfant. Ils se résignent à acheter un pseudo-bébé à la florissante et opportuniste firme, Cabbadge Patch Kid Corporation. Il ne s’agit en fait que d’une poupée de chiffon à laquelle l’entreprise associe tout un tas de services essentiellement médicaux qui entretiennent le couple dans l’illusion de la parentalité.
Elle s’est retournée sur le ventre. Elle a caressé ses propres seins. C’est une habitude, elle aime chercher les contours de son corps. Elle a regardé son ventre. Elle était si triste qu’elle s’est mise à pleurer. Bon. Okay. On a réécouté Stabat Mater de Pergolèse. On a bu du café chaud. Cette nuit-là, je jure, on s’aimait à en tuer les autres.
Texte psychologique sur le couple et ses désillusions, mais aussi critique acerbe d’une société factice et conformiste, la nouvelle de Jean Vautrin est remarquablement servie par les illustrations au graphisme travaillé et presque photographique, composées de personnages en gros plan ou de zoom sur des éléments de narration. Peu de couleurs, peu de détails, mais beaucoup d’ombres et de constrastes viennent renforcer la noirceur et la violence du propos. Eugénie Lavenant a su retranscrire en dessins l’ambiance pesante et inquiétante de la nouvelle ainsi que la tension qui monte de page en page.
L’air s’est arrêté de vibrer. Pas un souffle. Une idée de mort flotte. Tracy m’attend en bas de l’escalier. Elle a un paquet sur les genoux. Je hurle à l’intérieur de moi. Je pose ma main sur son sein. Mes doigts remontent sous son aisselle. Pas un souffle. Une idée de mort flotte entre nous.
Céline
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