Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko
17/08/2015
C’est un bel hommage à l’art congolais que propose la Fondation Cartier avec Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko. Couvrant les 90 dernières années de la scène artistique Kinoise, moderne et contemporaine, les œuvres présentées esquissent un luxuriant portrait de la République Démocratique du Congo.
C’est un bel hommage à l’art congolais que propose la Fondation Cartier avec Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko. Couvrant les 90 dernières années de la scène artistique Kinoise, moderne et contemporaine, les œuvres présentées esquissent un luxuriant portrait de la République Démocratique du Congo.
Un portrait en esquisse seulement car le Congo dans son mouvement perpétuel, est le terreau fertile d’une grande diversité artistique et culturelle qu’il serait impossible à consigner dans un seul espace, à appréhender dans un souffle. Dans ce contexte, le choix du curateur André Magnin d’inscrire l’exposition dans le temps semble pertinent et permet d’entamer un intéressant voyage à la fois temporel, géographique et culturel dans un Congo en pleine ébullition.
Pour amorcer la déambulation dans cet ensemble protéiforme qui réunit sculptures, vidéos, photos et peintures, il y a plusieurs façons. L’une d’elles invite le visiteur à se laisser porter par un des fils rouges de l’exposition qui semble soutenir toutes les œuvres : une même structure vertébrale, une colonne faite d’un empilement de bouillonnements, de couleurs et de vitalité. Impression renforcée par le parcours musical qui accompagne le visiteur tout au long de l’exposition.
Un peu contenue, chez les précurseurs (1926-1941), dont on conserve les traces d’un art d’abord éphémère à l’initiative du belge George Thiry, c’est bien cette colonne qui animent les œuvres des peintres de case, Albert et Antoinette Lubaki qui traduisent dans une grande économie de moyen et un trait simple leur environnement.
Avec l’école d’Elisabethville et l’atelier Hangar fondé par le peintre français Pierre Romain Desfossés (1946-1958), on découvre une fois encore dans une forme d’explosion cette substantifique moelle. Les artistes s’inspirent toujours de leur environnement et traditions mais insistent désormais sur la symbiose homme-nature. « Ils ne se contentent pas de décrire une réalité tangible » nous dit André Magnin « ils la transcendent par un geste poétique intense. Ils ont une vision intuitive du monde. Les oiseaux nagent, les poissons volent, la brousse s’anime ; la nature qu’ils représentent est moins celle qu’ils voient que celle qu’ils connaissent et à laquelle ils sont unis. »
Il faut cependant attendre les années 6o, période marquée par la décolonisation, pour découvrir avec les artistes populaires des « œuvres qui viennent du peuple et retournent au peuple » dans lesquels l’écriture, la critique et l’humour viennent s’enrouler autour du pilier de vitalité et de foisonnement propres aux artistes congolais. « Ils volent la vedette aux artistes issus de l’académie. Contrairement à ces derniers, qui puisent leur inspiration dans la tradition européenne, les peintres populaires s’inspirent de la vie quotidienne à Kinshasa et abordent des questions politiques, sociales ou relatives aux actualités du monde » André Magnin.
Avec la jeune génération, c’est un art plus formel qui se développe. Et si le fourmillement et la vitalité paraissent parfois domestiqués, ils conservent leur discours engagé.
Une exposition qui se présente comme un agréable cheminement donc, et qui retrace en filigrane, une part de l’histoire du Congo, celle qui colonisée, se libère peu à peu pour retrouver sa juste expression. Il conviendrait de se pencher plus en avant sur l’histoire tragique de ce pays aux multiples richesses pour mieux comprendre son art. Pourtant, si l’initiative de la Fondation Cartier n’a pas cette ambition, elle propose déjà une belle approche et permet une découverte qui n’est pas sans intérêt !
Marie
BEAUTÉ CONGO 1926-2015 CONGO KITOKO
Jusqu’au 15 novembre 2015 à la Fondation Cartier
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