Le spectacle commence dans l’obscurité ; l’œil qui tente de distinguer un mouvement, un reflet, devine que s’y meuvent des corps lorsqu’une main, une tête émerge de la masse noire comme d’une mer sombre et inquiétante. Le spectateur assiste à un mirage collectif, flou et monochrome.

Quand la chair humaine devient émettrice de lumière, des formes nouvelles apparaissent comme dans cette scène, où le spectateur ne sait plus s’il s’agit d’humains, d’animaux, d’insectes.

Enfin, treize corps surgissent, au fur et à mesure de l’intensification progressive de l’éclairage. Ils danseront en grande partie allongés sur scène. Un miroir géant, en plan incliné, renvoie leur image, donnant à voir des tableaux très différents de ce qu’il se joue au sol.

Ainsi, les corps glissant sur le sol, donnent l’impression qu’ils gravissent une montagne, puis en tombent, qu’ils nagent, qu’ils flottent ou enfin qu’ils se noient dans des eaux troubles et menaçantes. Les danseurs semblent fuir un danger, se cachant, se débattant, se protégeant les uns les autres d’une menace invisible, évoquant des réfugiés ou des civils évitant un conflit armé.

Par leurs mouvements lents et fluides aux sons des notes graves et répétitives, les danseurs offrent une expérience hypnotique et méditative. Lumen crée la réflexion, dans les deux sens du terme. Chacun y projettera ce qu’il veut dans un mouvement de triple reflet. Une vraie réussite !

Céline

Lumen, chorégraphie de Jasmine Morand, Théâtre des Abbesses (du 11 au 14 janvier 2023)

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