Lors du festival de Cannes de 1976, la France découvre Nagasi Oshima et son film scandaleux « L’empire des sens ». Pourtant à cette époque, il avait déjà réalisé une quinzaine de films dont « Le petit garçon » (1969).

Partant d’un fait divers dans le Japon des années 60, Oshima raconte l’histoire d’une famille qui arnaque des automobilistes en se jetant sous les roues des voitures. Le père fait dans un premier temps appel à sa femme mais lorsque celle-ci n’a plus l’âge pour continuer, ils décident d’un commun accord d’entraîner leur petit garçon de 10 ans dans leurs escroqueries.

A travers ce fait divers, le réalisateur révèle un Japon où les hommes n’assument pas leur rôle de héros tandis que les femmes s’émancipent comme elles peuvent. L’héroïne, après avoir abandonné mari et enfant dans une vie précédente, décide de prendre le pouvoir au sein de sa nouvelle famille. Quant au petit garçon du titre, il n’a ni enfance ni reconnaissance (ses parents l’appellent « le gamin ») et même la mort ne veut pas de lui quand il tente se suicider. C’est sur une autre planète où il serait un super héros qu’il trouve refuge.

Passant du noir et blanc à la couleur, Oshima montre la vie assez rude d’un petit japonais sans amour. La mise en scène privilégie le point du vue du garçon et parvient ainsi à atteindre son but : orienter le film vers la satire, impression renforcée par la voix off, celle du petit garçon.

Oshima creusera cette veine deux ans plus tard avec le film La cérémonie qui sort sur nos écrans le 18 mars.

Salih B.

Le petit garçon, drame japonais de Nagisa Oshima, avec Tetsuo Abe, Tsuyoshi Kinoshita, Akiko Koyama (1969)

La cérémonie, drame japonais de Nagisa Oshima, avec Kenzo Kawarazaki, Atsuo Nakamura, Nobuko Otowa (1971)

Rétrospective de l’œuvre complète d’Oshima à la Cinémathèque française à Paris, du 4 mars au 2 mai 2015

Télécharger le PDF