Maman et Louise
15/12/2013
Les photomontages du photographe japonais Satoshi Saïkusa à la galerie Da-End.
Les photomontages du photographe japonais Satoshi Saïkusa à la galerie Da-End.
Connu grâce à ses célèbres portraits de stars, Satoshi Saïkusa s’essaie à une tout autre forme d’art à la galerie Da-End où, aux côtés de six autres photographes japonais contemporains, il présente un travail autour de la notion d’impermanence (Mujô‐Kan en japonais), celle des corps et des visages. De ce concept pivot de la culture bouddhique, symbolisé par la fleur – épanouie aujourd’hui, fanée demain – découle une réflexion sur le passage du temps, la transformation ou la disparition de ce qui a commencé à être ou est apparu.
Pour tenter de figer cette impermanence, le photographe propose des portraits reconstitués, découpés puis punaisés. Ces corolles de corps fragmentés, rappelant les pétales d’une fleur, celle du Mujô-Kan, ouvrent la voie à une lecture plus introspective que celle proposée par la vision de surface que l’on retrouve dans le portrait traditionnel.
Ainsi en est-il de Maman et Louise (photo ci-dessus), obtenue à partir du découpage de neuf tirages argentiques, dans lequel le photographe glisse toutes sortes d’éléments permettant de donner de la profondeur au portrait de Louise Bourgeois. En référence à l’araignée, symbole de la mère dans l’œuvre de la plasticienne, l’artiste a punaisé dans le portrait une véritable araignée (photo ci-dessous) et a laissé une araignée de passage se promener à l’intérieur du cadre et tisser sa toile.
Sous le regard de Satoshi Saïkusa, le portrait de Louise Bourgeois s’épaissit d’une personnalité en relief. On y devine une somme d’expériences vécues – celles de la fille de la mère araignée, de la plasticienne, etc. – qui a construit la femme ridée photographiée. Une très belle invitation à méditer sur le passage du temps, les transformations et les traces qu’il laisse…
M.B.
Galerie Da-End, 17 rue Guénégaud, 75006 PARIS
Du 6 novembre au 21 décembre 2013
Commentaires