Ou peut-être une nuit, une enquête de Charlotte Pudlowski sur l’inceste et la fabrique du silence qui l’entoure

Il faut absolument écouter le podcast en 6 épisodes Ou peut-être une nuit de la journaliste Charlotte Pudlowski (produit par Louie Média) pour comprendre l’ampleur du phénomène de l’inceste en France (7 à 10% de la population française a déjà subi des viols intra-familiaux, deux à trois enfants par classe de CM2) et sa dimension systémique (les lacunes de la justice, le déni de la société, l’inversion de culpabilité, etc.). L’enquête très documentée offre une analyse fine du tabou et du silence qui entourent l’inceste. « Les histoires d’inceste sont toujours des histoires de domination », selon la journaliste qui démontre pas à pas comment l’inceste est un des fondements de la domination patriarcale sur les corps des femmes et des enfants.

DreamStation, une série de science-fiction de Sebastian Dicenaire sur France Culture

Dans un futur proche, une entreprise DreamStation lance un système de réalité virtuelle qui offre la possibilité d’incarner dans ses rêves le héros de son choix. Mais quelques rêveurs sont tombés dans une faille, un bug du système et ne sont jamais revenus. Avant qu’un scandale n’éclabousse la réputation de l’entreprise, DreamStation confie à Sismo, un jeune homme opposé à cette technologie, la mission de ramener les rêveurs dans le monde réel. Le cauchemar teinté de psychanalyse et de burlesque va commencer pour lui.

Une fiction haletante et perturbante sur les dérives du virtuel et de l’intelligence artificielle. Le son binaural (son 3D), qui reproduit la perception sonore naturelle, permet une écoute immersive qui plonge les auditeur.trices au cœur des rêves délirants des personnages. L’évasion onirique est garantie !

Vous êtes bien chez Sophie, une série radiophonique de Sophie Simonot sur Arte Radio

Pour ne pas que les voix s’effacent, la documentariste Sophie Simonot a gardé tous les messages du répondeur téléphonique de ses 19 ans. Des dizaines de cassettes audio accumulées, des centaines de messages qui retranscrivent sa jeunesse, ses amis, ses amours mais aussi l’air du temps des années 90.

La voix off de Sophie entrecoupée de messages téléphoniques nous raconte une histoire, la sienne, sur laquelle elle pose un regard à la fois lucide et bienveillant. Le récit a ceci de troublant qu’il mêle son recul d’adulte face à son passé et toutes les émotions de sa jeunesse qu’elle revit une deuxième fois. Grâce à sa névrose – le besoin compulsif de conserver les vestiges du passé – elle nous livre une radiographie des relations humaines – familiales, amicales, amoureuses, professionnelles – à l’heure où les portables n’existaient pas : comment les liens se font, se défont, se préservent grâce aux répondeurs, malgré les rendez-vous ratés, malgré les téléphones qui sonnent dans le vide… « Je souffrais d’une névrose pénible. Une sorte de syndrome du sablier qui consistait à ne jamais pouvoir vivre un moment heureux sans avoir conscience qu’il appartenait déjà au passé, et ça c’était insupportable. Alors je me suis mise à stocker les cassettes comme pour capter des petits bouts de présent, ça me rassurait… et je n’avais plus peur. »

Finalement, cette série touchante et nostalgique a quelque chose de rassurant : si les voix du passé sont capables de nous émouvoir avec la même intensité qu’avant, c’est que rien ne meurt jamais tout à fait.

L’appel des abysses, une fiction de Cyril Legrais et Juliette Rose sur France Culture

L’océan a recouvert les continents et l’air est devenu irrespirable. L’élite financière s’est réfugiée dans des sous-marins dans les abysses. À la surface, le peuple suffoque dans un immense bidonville flottant où se prépare la révolution.

Cette dystopie aquatique repose sur le schéma classique d’une société inégalitaire composée d’une élite manipulatrice et d’une population qui tente de survivre sans avoir le temps ou les moyens de se rebeller. Une œuvre politique non manichéenne servie par un formidable jeu d’acteurs et une force narrative qui nous donne à voir, malgré l’absence d’images, les profondeurs abyssales et les paysages dévastés par la pollution.

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