Scène // Gounouj
26/03/2024
La cie Zimarèl présente « Gounouj » qui signifie « grenouille » dans le créole de certaines régions de Guadeloupe , un spectacle où quatre danseurs explorent avec brio le phénomène d’homéostasie : l’adaptation d’un système aux contingences extérieures pour conserver son équilibre.
Lorsqu’un public se rend au théâtre, il est à la recherche d’un corps. Des milliers de spectacle révèlent des parties du corps : de la poitrine vers le haut, de la poitrine vers le bas ; une apparence, ou encore un décor qui cache ce qui n’est pas sur scène. Construire un corps demande du temps et de l’attention à ce qui est autour de soi, loin de soi, à l’intérieur de soi. Chaque jour.
La notion « tout ce qui se répète devient un corps » définit de manière vulgaire ce qui donne un sens à la matière. Ce qui se répète devient répétition. La formation d’un corps est déterminée par des actions spécifiques et articulées qui se superposent à celles réalisées la veille. Une accumulation de chemins réinventés millimètre par millimètre. Rien ne se répète. La notion de répétition est un piège.
De loin, on pourrait croire que les corps de « Gounouj » répètent l’ordre du jour. De près, on sent la respiration des quatre personnes, sensibles à ce qu’implique un dialogue. On dirait qu’ils se connaissent depuis longtemps, qu’ils ont des affinités et qu’ils les partagent avec nous, entre eux. Ce n’est pas une affaire de danse mais de langage.
Le langage se manifeste spontanément quand il passe par le corps. Il a besoin de règles lorsqu’il est destiné à une institution. « Gounouj » est l’un des rares « spectacles vivants », car on a l’impression que chaque corps réfléchit, à l’instant, à son prochain pas. D’autres peuvent avoir le même label, par pur manque d’attention.
La scène, également composée de musique, de lumière et d’un plateau vide, attend de nous que notre recherche la remplisse. Il est probable que dans ce spectacle, nous nous retrouvons plus que nous ne nous perdrons.
La compagnie Zimarèl, originaire de la Guadeloupe, a une façon particulière d’aborder les notions de « monde extérieur ». « Gounouj » nous amène sur l’île, où ces notions n’ont pas d’importance. Le monde, vu d’en haut, est une île.
Léo Lérus / cie Zimarèl, « Gounouj »
https://vimeo.com/791508125
© VIRAPIN. Ph
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