C’est un précieux présent que nous offre Bill Viola en nous invitant à pénétrer son univers mental, celui que matérialise sa vidéo, le second œil capable de nous « réapprendre à regarder » et approcher l’infini.
Avec ses installations présentées au Grand palais jusqu’au 21 juillet, le fameux « sculpteur du temps » nous accompagne de façon progressive et presque initiatique vers le ralentissement. Regarder les tableaux en mouvement du grand maître, c’est être contraint à stationner devant des fenêtres ouvertes sur des mondes dans lesquels il est alors naturel d’entrer en immersion.
Conscient que « si toutes les portes de la perception étaient ouvertes alors tout apparaîtrait à l’homme tel quel – infini » (William Blake), l’artiste entrouvre le temps d’une vidéo, grâce à son approche expérimentale de la vision, ces fameuses portes et nous donne à percevoir une autre vérité.
En réintroduisant du flou aux contours du monde, il dévoile la poésie qui se cache au cœur de la réalité aride. En ralentissant le regard, en décomposant la vision, il bâillonne toutes les certitudes qui nous cloisonnent. En jonglant avec les contraires – le macro, le micro ; le haut, le bas, ; la vitesse, la lenteur – Bill Viola nous rappelle que le regard n’est qu’une question de placement, de distance et de fragmentations dès lors où l’on ne voit que ce que notre point de vision, celui que l’on a choisi, est susceptible de balayer.
Interroger la vision, confronter le visiteur à ce qu’elle détermine dans notre façon d’être au monde à travers la vidéo, c’est ce qu’a parfaitement réussi à faire celui pour qui « le paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur ».
Marie
Bill Viola, jusqu’au 21 Juillet 2014, Grand Palais, Galeries nationales
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