Bonyour
24/03/2017
C’est ma découverte de l’année : les spectacles de Thomas Poitevin. J’avais déjà été enthousiasmé par Big freeze (thermodynamique de l’amour), repris il y a quelques semaines à La Reine Blanche, un spectacle jubilatoire qui m’avait touché, troublé, fait rire et cogiter encore longtemps après (je n’ai pas fini de le digérer, en fait).
C’est ma découverte de l’année : les spectacles de Thomas Poitevin. J’avais déjà été enthousiasmé par Big freeze (thermodynamique de l’amour), repris il y a quelques semaines à La Reine Blanche, un spectacle jubilatoire qui m’avait touché, troublé, fait rire et cogiter encore longtemps après (je n’ai pas fini de le digérer, en fait).
Et voici sa nouvelle création, Bonyour (une collapsologie), à La Loge. Rien à voir. Cette fois Thomas Poitevin est seul en scène. Il passe en revue des personnages croqués avec jubilation, qui ont tous quelque chose qui cloche – pour proposer une collapsologie, c’est-à-dire l’étude de l’effondrement. Une ménagère qui parle toute seule en vacances, un interné en asile psychiatrique qui vous fait l’accueil, un expatrié en Afrique qui prétend dans sa vie pourtant solitaire… Que des gens en décalage avec la vie, à l’image de cette lettre dans le titre du spectacle qui décale le bonjour et le rend à la fois ridicule, drôle, pathétique, et peut-être, familier. Que des gens en lutte avec la vie, et qui malgré tout tiennent bon. Thomas Poitevin nous fait rire avec malice et bienveillance, d’un rire salutaire, où les sanglots ne sont jamais loin. Ses textes, brillants (co-écrits avec Hélène François) l’ancrent dans un plaisir de jeu manifeste qui lui va bien. Loin de la mode du théâtre-vérité qui fait passer la réalité pour de l’authenticité, ici il assume avec appétit la fiction et le jeu.
Avec la délicatesse de ne nous imposer aucune leçon, aucune morale à la fin, nous laissant tirer de ses portraits la conclusion qui nous plaira.
Courez voir cette merveille d’humour, de tact et d’intelligence ! Et tant qu’à faire, restez voir le 2e spectacle, Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre de Margaux Eskenazi, un spectacle enthousiasmant sur les auteurs de la négritude (Césaire, Senghor, Damas). Il y a des soirées comme ça qui font appel à notre intelligence sensible. Et ça fait du bien.
Mathieu Huot
BONYOUR (Une collapsologie) Cie La Nationale fantôme
24 Mars à 19H00 / 28 Mars à 19H00 / 29 Mars à 19H00 / 30 Mars à 19H00 / 31 Mars à 19H00Avec Thomas Poitevin
Conception : Thomas Poitevin et Hélène François
Textes d’Hélène François, Thomas Poitevin
Lumières : Thibault Marfisi
Objets, regard scénographique : Romain Guillet
Costumes : David Beckham pour Hennes and Mauritz
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