J’appelle mes frères
09/12/2015
Jonas Hassen Khemiri, auteur suédois considéré comme l'un des plus talentueux de sa génération, publie en 2012 son troisième roman J'appelle mes frères qu'il adapte ensuite pour le théâtre. Dans cette oeuvre dramatique, puissante et ancrée dans l'actualité, un homme s'interroge, à la suite d'un attentat terroriste survenu dans sa ville, sur son identité et sur son rapport aux autres.
Jonas Hassen Khemiri, auteur suédois considéré comme l’un des plus talentueux de sa génération, publie en 2012 son troisième roman J’appelle mes frères qu’il adapte ensuite pour le théâtre. Dans cette oeuvre dramatique, puissante et ancrée dans l’actualité, un homme s’interroge, à la suite d’un attentat terroriste survenu dans sa ville, sur son identité et sur son rapport aux autres.
Une voiture piégée vient d’exploser. Cet acte terroriste traumatise toute la population et en particulier Amor qui erre dans la ville, perdu et animé par des sentiments contradictoires. Face aux regards suspicieux et terrorisés qu’il ne manquera pas de croiser, Amor ne sait pas s’il doit se fondre dans la masse, devenir invisible pour ne pas se faire remarquer ou au contraire agir normalement pour prouver son innocence, sa « désolidarisation », et signifier « pas en mon nom ». Alors qu’il est contacté par ses amis qui s’inquiètent ou le confortent dans son malaise, son errance tourne au cauchemar, entre délire paranoïaque et crise schizophrénique.
Khemiri évoque le racisme et la stigmatisation qui suivent inévitablement tout acte terroriste revendiqué par un groupe ou une communauté. Mais il parle aussi – et surtout – de quelque chose de plus douloureux encore, le sentiment d’exclusion et de persécution ressenti a priori, qu’il soit fondé ou fantasmé. Un mécanisme de défense qui conduit à la colère, à l’autodestruction jusqu’à l’effondrement de sa propre identité.
Un texte précieux et nécessaire qui en dit long sur la fragilité de nos sociétés et sur les menaces de division qui pèsent sur elles.
Céline
J’appelle mes frères / Nous qui sommes cent, de Jonas Hassen Khemiri, texte original en suédois traduit en français par Marianne Ségol-Samoy, éditions théâtrales (2013)
Texte de Jonas Hassen Khemiri publié pour la première fois, après un attentat à Stockholm en 2010. Il avait été publié par le grand journal suédois Dagens Nyheter. Il l’a réécrit pour Libération, après l’attaque contre Charlie Hebdo.
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