Expo // Ici, je ne fais que passer
17/01/2019
A partir du 1er février, la MACVAC (Paris 19e) présente l'exposition photographique "Ici, je ne fais que passer" se focalisant sur un camp de roms situé à Vitry sur Seine. Les photos réalisées en 2017 puis en 2018 à la suite de son évacuation illustrent des moments de vies qui passent, se détruisent et poursuivent leur cheminement, mues par une obligation de survie. Rencontre avec le photographe, Christophe Vandon, notre artiste du mois.
Quelques mots pour décrire tes activités et ton univers artistique ?
J’ai commencé la peinture il y a plus de vingt ans. En peinture, la toile vierge impose un parcours de création pure sans prérequis tandis que la photographie met en exergue une réalité donnée ; il s’agit alors d’en produire une lecture personnelle. C’est cette envie d’expression qui m’anime. Je dirais que ma photographie traduit, témoigne d’une réalité mais n’est volontairement pas une démarche usant du support photographique comme espace d’expérimentation graphique.
Ce besoin de regarder se mue en une production graphique et photographique qui évolue au fur et à mesure que le regard emmagasine son expérience. Une marche sans fin qui lui permet ainsi de se remettre en cause sans cesse, de regarder différemment. Il s’agit d’élargir plus encore mon regard en le complexifiant. Je cherche à donner à voir l’esthétique d’un lieu, d’un instant, selon des critères qui me sont propres, emprunts d’une habitude de voir et de cette expérience du regard qui se fabrique au quotidien.
D’où viens-tu ?
Architecte de formation, je m’intéresse particulièrement à l’espace et à l’humain aussi bien dans ma production architecturale que dans mes activités de photographe et de peintre. Enseignant plasticien en école d’architecture par ailleurs, la question de la représentation et de l’image est au cœur de mes réflexions. Ma démarche de création d’espaces à vivre se base sur ma capacité à lire mon environnement au travers de filtres sensibles. La lumière, les matières, les proportions, le cadrage des vues prennent forme dans l’architecture. La photographie et la peinture s’en déduisent avec évidence dans une complémentarité naturelle, chacune des démarches se nourrissant de l’autre mais, et c’est là primordial, ayant sa propre autonomie créative.
Quels sont les artistes qui t’ont le plus inspiré ?
Je me nourris de références ponctuelles sans être obnubilé par un artiste en particulier. C’est la conjonction d’éléments particuliers qui me touche dans une œuvre. Des exceptions sans aucun doute avec, par exemple, le peintre Francis Bacon dont la puissance des œuvres me laisse sans voix. Les photographies de Robert Franck m’impressionnent par leur capacité à retranscrire l’immédiateté. Daido Moriyama, Josef Koudelka, William Eggleston, Nan Goldin restent pour moi des références essentielles. Tout cela sans exhaustivité, cela va de soi.
Quelle est ton actualité ? Tes projets ?
Après deux expositions collectives au dernier trimestre 2018, je poursuis avec une exposition personnelle « Ici, je ne fais que passer» à la MACVAC (Paris 19e) en février prochain. Cette série d’images portant sur un camp de roms situé à Vitry sur Seine réalisées en 2017 puis en 2018 à la suite de son évacuation porte un regard sur ces moments de vies qui passent, se détruisent et poursuivent leur cheminement, mues par une obligation de survie.
La première série de photographies a été prises en septembre octobre 2017 où, sans pouvoir rentrer dans le camp, je m’attarde sur la vie autour du camp et la confrontation silencieuse entre riverains, roms et le chantier pharaonique du Grand Paris. Il s’agit de rendre compte des points de contact entre ces mondes qui s’ignorent, se jouxtent, se côtoient par obligation, et font de ce tronçon de rue un lieu intense de percussion sociale de plusieurs mondes. Ils glissent les uns sur les autres, où les uns subissent, profitent, survivent et d’autres forcent le passage pour atteindre leur objectif, chacun participant à sa manière aux deux groupes. Un second temps en juillet 2018 où le camp de roms est évacué par la police. Rentré dans le camp entre ce moment de tension et le temps de sa démolition, je me trouve face à des lieux de vie ayant soudainement perdu toute vie alors qu’elle fourmillait quelques instants auparavant. Une impression de vide flottait dans ce lieu chaotique voué à survivre quelques instants encore avant d’être rasé. Je prends le temps de fixer ces bribes de vies à jamais perdues. Mais déjà la vie est partie ailleurs allant reproduire d’autres équilibres déséquilibrés.
Avec des sujets sur lesquels je travaille au long cours et sans objectif prédéfini de finalisation, je poursuis continuellement ma production photographique, la peinture mise de côté provisoirement devant revenir sans aucun doute hanter mes nuits.
Propos recueillis par Céline
Ici, je ne fais que passer, au MACVAC – Maison du Combattant, de la Vie Associative et Citoyenne, 20 rue Edouard Pailleron 75019 Paris, du 1er au 28 février 2019
Website : www.christophevandon.com
Email : contact@christophevandon.com
Instagram : chris_vandon
Facebook : christophe vandon
Commentaires