Provoke, entre contestation et performance
16/10/2016
Jusqu'au 11 décembre, Le Bal (dans le 18e arrondissement de Paris) propose une exposition entièrement consacrée à la revue de photo japonaise Provoke. L'occasion de découvrir une approche photographique de rupture, rendant compte de la profonde métamorphose de la société, du climat de contestation intense et de l'effervescence artistique et intellectuelle du Japon des années 60.
Jusqu’au 11 décembre, Le Bal (dans le 18e arrondissement de Paris) propose une exposition entièrement consacrée à la revue de photo japonaise Provoke. L’occasion de découvrir une approche photographique de rupture, rendant compte de la profonde métamorphose de la société, du climat de contestation intense et de l’effervescence artistique et intellectuelle du Japon des années 60.
Dans les années 60, le Japon connaît une vague de manifestations violentes et de mouvements sociaux qui débute avec la ratification du traité de sécurité entre le Japon et les États-Unis et la présence militaire américaine sur le territoire. La photographie est alors considérée comme un moyen d’informer et de témoigner de ces événements en mobilisant étudiants, syndicalistes, journalistes et artistes.
En découle une approche expérimentale de la photographie induite en premier lieu par les conditions extrêmes de prises de vue (par exemple, les confrontations avec les forces de l’ordre, en pleine nuit). Marquées par une esthétique de la confusion, les photos brutes, abstraites, floues, mal cadrées, fragmentées expriment la violence, l’agitation, le chaos et l’absurdité de la période.
D’après le chirurgien des globes oculaires, nos deux yeux répondent à des objectifs différents : selon une première théorie, un oeil sert à regarder les autres, alors que l’autre sert à regarder soi ; selon une deuxième théorie, un oeil « découvre » tandis que l’autre « abandonne ». D’une manière ou d’une autre, si vous estimez que vos yeux souffrent d’un déséquilibre, vous pouvez en retirer un à l’aide d’une faucille. Shüji Terayama
L’expo met en lumière les liens complexes entre photographie et langage. La revue n’a cessé de dénoncer avec ironie et humour noir la profusion et le pouvoir des images médiatisées prétendant représenter la réalité mais qui ne sont en fait que sources d’illusions et de manipulations. Pour les membres de Provoke, il s’agit de privilégier une capture subjective et partielle du monde ou de l’expérience que vit le photographe. Entre documentaire et action directe, le mouvement entend placer l’expérience au cœur de la pratique photographique.
Je prends des photographies dans l’unique but d’appréhender la tension qui existe entre les objets et moi-même, en me servant de l’appareil – la machine optique – comme d’un médiateur. Köji Enokura
L’appareil photo n’est qu’une machine mécanique, un médiateur, entre le photographe et ce qui l’entoure. L’image ne véhicule aucun message, aucun sens mais n’est que l’enregistrement mécanique de l’expérience du photographe.
L’expo, comme la revue à sa sortie, fait l’effet d’une bombe, par l’énergie, l’esprit de résistance et l’urgence de la révolte qu’elle traduit.
Céline
Provoke, Entre contestation et performance. La photographie au Japon 1960-1975, Le Bal (Paris 18e), jusqu’au 11 décembre 2016
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