Un homme, mal rasé, mal coiffé, pas très bien habillé, se tient debout et fier au sommet d’une butte de sable. Le temps, le monde, les gens n’ont plus d’emprise sur lui. Seule sa mémoire le maintient ici-bas. Rejeté par la ville, cet homme seul, hanté par l’héritage de son père, raconte sa vie et celle de sa famille, mélangeant les lieux et les dates, bien décidé à vivre, même en rêve, le destin voulu par son père.

Un seul en scène émouvant du magnifique Sami Bouajila, qui interprète successivement un père et son fils victimes de la colonisation, de la décolonisation et de l’exil, abandonnés par la France. Le décor sobre et minimaliste évoque tantôt les paysages du pays de son père, couverts d’arganiers et foulés par les chèvres, tantôt un terrain vague de banlieue, entouré par des tours d’immeuble et des rats… Des souvenirs d’enfance sont projetés derrière l’acteur, tandis que les personnages racontent leurs rêves et leurs désillusions.

Un texte sombre et amer d’Emilie Frèche qui relate les difficultés de l’exil et les destins brisés par les fermetures et les délocalisations d’usines.

Malgré cette noirceur, l’acteur Sami Bouajilia illumine et sublime la scène par son jeu poétique, tendre et aux accents nostalgiques du déracinement.

Céline

Un prince, d’Emilie Frèche, avec Sami Bouajila et mis en scène par Marie-Christine Orry, Théâtre de l’Œuvre Paris 9e  (jusqu’au 30 septembre)

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